La boite magique

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J’avais, petite, un rêve: être une fée. Pour me faire plaisir, mes parents, le jour de mes sept ans, m’offrirent une panoplie de fée. Ils imaginaient que j’allais bien vite enfiler la robe dans ma chambre, ravie de me déguiser, mais une seule chose m’intéressais : la baguette magique.

Je me jetais sur le paquet, arrachais le papier pour saisir la fameuse baguette que je tins précieusement dans mes mains, laissant la robe à terre. Une fois dans ma chambre, je me livrais, très excitée, à l’exercice de la magie. Je posais la baguette sur un meuble, ordonnais de le changer en parapluie. Mais las! Rien ne se produisit....Je recommençais deux ou trois fois, et avisais précisément l’objet, réalisant à quel point cette magie que j’espérais resterais impossible. L’étoile dorée, mal découpée, le morceau de bois sur lequel elle se trouvait collée trahissait une réalité encore plus triste que celle que j’avais tant voulu changer. Tout n’était que toc. Cette découverte me plongea dans un profond désespoir. On m’avait trompé, mes parents les premiers, qui m’avaient fait croire que j’allais enfin réaliser mon rêve. Je fondis en larmes, et, inconsolable, sous le regard médusé de mes parents qui ne comprenaient rien, j’allais jeter l’affreuse baguette dans la poubelle.

Pour mes travaux numériques, j’utilise un Apple Pencil. Même si la technologie donne une latitude de création quasi illimitée, il est parfois très long de créer une image. Ma base, ce sont mes photos, auquel je fais tout, mais absolument tout subir. Découpe, re- colorisation, mixage, de nouveau re-colorisation, jusqu’à obtenir ce qui, malgré la magie, reste une gageure. Quoi? La jamais vue. Celle qui me semble née de nulle part, et qui surgit sur fond d’étonnement, de divine surprise, et souvent d’inquiétante étrangeté. Des heures durant, je la cherche. Elle est là, à portée de baguette, furet qui court au devant du regard, disparait, réapparaît, s’insinue, pour se faire ce que j'espère voir apparaître et fixer, image unique, parmi l’infinie des possibles. Chaque fois, la mise en tension commande l’aboutissement, qui, quant j’y parviens, m’apaise. Créer est jouissance, une jouissance à nulle autre pareille. Quand elle échoue se reproduit, quoique lointaine et très atténuée, la sensation de tristesse, héritière du désespoir d’enfance.

Ce qui m’aura poussé, gamine à vouloir transformer, métamorphoser n’est pas un mystère. Il aura fallu que ma vie d’alors soit suffisamment rude pour en avoir besoin, pour désirer si ardemment changer mon décors. La magie si intensément attendue avait sans doute quelque chose de religieux, un genre de prière lancée à travers l’invisible. Faire des images m’apaise, car quand elles apparaissent, il me semble qu’avec elles le rêve, ce tiers inconscient, s’incarne, entrainant la présence impalpable d’une dimension sacrée. Il y a du sacré sans qu’il soit besoin de croire en un Dieu. Je le définirais comme l’intermittence de la rencontre entre le regard et l’image qu’il ne cesse de rêver.

Visages

Birds

Divers

Trouble makers

À découvrir à la galerie Claire Corcia jusqu’au 6 mars 2023…

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